samedi 28 février 2009

Es ist das höchste der Gefühle (1)














En vérité je ne suis jamais ému par la beauté cinématographique. La façon dont les mots retiennent les parfums de la vie vécue me touche presque à chaque fois, de même que ne manquent jamais de me transporter une belle mélodie ou un beau chant - qui s'adressent, je crois, à ce que nous autres êtres humains avons à la fois de plus propre et de plus en commun ; mais le cinéma ne me fait aucun effet, j'y suis hermétique, gêné sans doute par ma très mauvaise vue mais surtout victime de ce qu'un ami cinéphile a appelé avec son habituel sourire de loup mon "iconoclastie". Il vaudrait mieux parler d'iconophobie : j'ai peur de l'image parce que l'image tue tout pour moi, elle n'enchante jamais rien, au contraire elle me fait déchanter, et me donne envie de plisser les yeux très fort en rêvant de pouvoir oublier ce que je viens de voir. Mais je devrais mettre ces phrases liminales au passé : hier j'ai vu Trollflöjten, la Flûte enchantée de Bergman (1975), et c'est comme une bougie qui s'est allumée aux tréfonds de ma haine du septième art. Je ne voyais pas son utilité jusqu'ici, je trouvais qu'avec ses doigts épais et gourds le cinéaste et toute sa clique de techniciens à gros sabots ne pouvaient jamais que dévaluer le trésor des histoires qu'ils manipulaient. Montrer c'était gâcher. Je préférais, à l'instar de ce cher E. L., une oeuvre de littérature moyenne voire médiocre à du soi-disant très bon cinéma. Le monde tel que le donnaient à voir ces successions d'images et de sons était pour moi illisible, disharmonieux et - puis-je l'avouer - blasphématoire. Le chaos qui épouse le chaos. Au mieux peindre en gris sur gris... Mais peu importe : la Flûte enchantée de Bergman m'a fait changer d'avis. J'ai aimé des visages en gros plan, dignifiés par la plus belle musique du monde - pour la première fois ce que seul le cinéma peut faire ne m'a pas paru dérisoire et superflu. Je ne me soupçonne aucune compétence cachée pour la critique de cinéma, aussi vais-je arrêter là et me contenter, pour donner de l'espace et du temps à l'immense joie qui m'habite depuis la rencontre avec ce chef d'oeuvre, de le paraphraser avec les moyens du bord - j'ai nommé l'extrait vidéo, la légende et la capture d'écran.

L'ouverture



Des chants d'oiseaux, des arbres en feuilles, des visages qui écoutent Mozart.

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