vendredi 30 janvier 2009

KLK est revenu. Remonté à la surface quand j'ai rougi de la poignée de main ratée avec "je vous en prie, appelez-moi Benoît" le père de C. Un éclat pernicieux sur un des carreaux bombés qui garnissent le haut de la vitrine de la brasserie : je rate le creux de sa main entre le pouce et l'index et je surprends son regard d'hostilité et de dépit. Une fraction de seconde de plus et je suis prêt à jurer qu'il levait les yeux au ciel, le salaud. Pour lui je ne serai jamais plus dissociable de ce malaise ; et quand pour ma part je verrai son nom surgir dans les brumes de ma pensée c'est au spectacle on ne peut plus distinct de ma main mal donnée et de mon sourire niais que je serai irrémédiablement renvoyé. Je ne peux m'empêcher d'imaginer ce gendre easy-going, good-natured, aux yeux rieurs et aux intentions saines que je pourrais être si je n'étais pas incurablement moi-même - je vois ses belles mains propres, ses sourires enjoués et, mon Dieu, c'est inouï comme je souffre. Il n'existe pas ? C'est un rival imaginaire, fantasmé de toutes pièces ? Certes, et alors ? Le diable non plus n'existe pas, ça ne l'empêche pas d'être obéi au doigt et à l'oeil pour l'essentiel de ce qui concerne la vie sociale. ("R. a les yeux qui pétillent, me disait C. en toute innocence. Et toi fais voir... Ah ben non, pas toi.") KLK réapparaît et avec lui - indeed - tous les regrets. Je porte en moi des regrets immortels, voilà ce que je voudrais crier à travers le brouillard - bien piteuse parodie de la Cléopâtre de Shakespeare et de ses immortal longings. Pour le reste il est évident que je ne relaterai la "rencontre" proprement dite que quand la fureur* m'aura un peu abandonné. Juste conclure avec cette phrase bien dans le style de KLK, et qui me laboure le cerveau depuis que je suis sorti du restaurant de ma misfortune : "L'écriture d'une scène sadique est un acte sadique, beaucoup plus incontestablement que l'écriture d'une lettre d'amour n'est un acte d'amour."

* non pas la fureur bien sûr, mais la pulsation régulière, métronomique, effroyablement persistante de mon propre ridicule

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