vendredi 29 mai 2009

Last time you shed a tear

- C'est quand la dernière fois que tu as pleuré ?
- Je ne suis pas très pleureur.
- Dis. Moi c'est tout con, c'est au cimetière. Et puis avant-hier, une scène dans un livre, tout ce qu'il y a de plus mélodramatique. Je suis laissée avoir, si tu veux.
- Si je te le dis tu vas me prendre pour un type bizarre.
- D'accord.
- Tu veux me donner une cigarette d'abord ? Non attends avant de répondre - merde, je veux pas reprendre mais c'est irrésistible, l'été, les terrasses, et cette chose infernale, la convivialité. OK, je te demande une cigarette et je t'implore de refuser.
- Il ne m'en reste que deux dans le paquet.
- Merci.
- Tiens.
- Quoi ?
- Prends en une. Allez, j'insiste. Tiens, je l'allume pour toi.
- Hum.
- C'était quand alors ?
- Le DVD du Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn. Le ballet, mis en scène par Georges Balanchine je crois. A la fin de l'ouverture une nuée de ballerines habillées en fées entoure l'héroïne. Elles ont dix ans, douze ans, non moins. Neuf ans. Elles sont là, un essaim de petites fées, et elles font semblant de bâiller pour dormir, pour retomber dans le sommeil. J'en avais les larmes aux yeux.
- Ah oui en effet.
- Tu vois, je t'avais dit.

mercredi 6 mai 2009

On m'a donné un petit poste de télévision...

... et j'ai appris sur France 2, au JT de 13h, que des bulldozers sont en train de raser le site de ce garage Renaud d'Aulnay-sous-bois qui avait été incendié en novembre 2005 lors des "émeutes urbaines" - les images avaient fait le tour du monde, rappelle opportunément Elise Lucet. Un centre commercial "avec 150 emplois à la clé" va être construit à la place, sur ces ruines que les habitants d'Aulnay ont surnommées "la verrue". Sujet avec le promoteur immobilier sur les lieux, en costume sombre et dossier plastifié plaqué contre le torse. Il parle avec son plus beau sourire Colgate d'un lieu de vie, qui va vivre le soir, le jour, la nuit, le week-end. Il y aura cinq restaurants, des magasins, des lieux d'animation ; la voix d'un journaliste nous apprend la bonne nouvelle que tous les participants au projet ont promis d'embaucher des habitants d'Aulnay. Retour plateau, Elise Lucet prend le ton "insolite" (il y a deux tons dans la gamme d'un présentateur de JT : grave et insolite) pour présenter son invité : le maire communiste de La Courneuve, qu'on aperçoit furtivement à l'autre bout de la table. Lassé d'entendre tout le temps parler de sa ville comme d'un ghetto urbain, ce monsieur a décidé (est-ce une provocation ? s'inquiète Elise Lucet) de saisir la HALDE, Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations. Son nom s'affiche au bas de l'écran : il s'appelle Gilles Poux et il se gratte la tête.